XVIᵉ Congrès mondial de la FIPF – Besançon 2025


Les utopies francophones en tous genres

Du 10 au 17 juillet 2025, la ville de Besançon a accueilli le XVIᵉ Congrès mondial de la Fédération internationale des professeurs de français (FIPF). Plus de 1200 enseignants, chercheurs et acteurs du monde francophone se sont réunis pour réfléchir, débattre et rêver autour d’un thème inspirant : « Les utopies francophones en tous genres ».

Une ville, un esprit, une histoire

Le choix de Besançon s’est imposé comme une évidence. Ville natale de Victor Hugo et symbole d’engagement social, elle incarne une tradition humaniste et littéraire qui a donné le ton du congrès. Autour du Doubs et de ses rives verdoyantes, les congressistes ont trouvé un cadre propice à la rencontre et à la réflexion.

L’ouverture du congrès

La présidente de l’AFEF, Vivianne Youx, et la présidente de la FIPF, Cynthia Eid, ont inauguré la rencontre au Théâtre Ledoux, suivies d’un discours inaugural par Jean-Louis Chiss sur les utopies linguistiques et culturelles. La cérémonie s’est poursuivie par un cocktail de bienvenue dans la cour Mégévand de l’Université de Franche-Comté, dans une atmosphère conviviale.

Temps forts et conférences marquantes

Michel Boiron, ancien directeur du CAVILAM – Alliance Française, a marqué les esprits avec sa conférence sur l’avenir de l’école et du français dans un mondeen mutation. Il a rappelé que le CAVILAM, né d’une utopie, reste un modèle vivant de coopération internationale et d’innovation pédagogique. Pour lui, l’école de demain doit cultiver la confiance, la créativité et la coopération.

De son côté, Hélène Vanthier a consacré son intervention à l’enseignement précoce du français. S’appuyant sur des exemples concrets, elle a démontré combien le jeu, la curiosité et le plaisir d’apprendre favorisent la construction linguistique des plus jeunes. Elle a plaidé pour une pédagogie bienveillante et plurilingue qui fait de la diversité une richesse.

L’intelligence artificielle au service du français

L’un des fils rouges du congrès fut la réflexion sur l’intelligence artificielle (IA) et ses usages pédagogiques. Jérémie Séror (Université d’Ottawa) a ouvert le débat sur la nécessité d’un équilibre entre innovation et responsabilité. D’autres intervenants – Marie Lefelle, Aïda El-Soufi, Laila Kihel, Nicolas Gergaud ou Narjiss Aoukach – ont exploré le potentiel créatif de l’IA : outils d’aide à l’écriture, simulateurs d’interaction, ou laboratoires de créativité linguistique.

Les discussions ont mis en évidence une conviction commune : l’IA ne remplacera pas l’humain, mais peut l’aider à enseigner autrement. L’utopie, ici, est celle d’une technologie au service de la pensée critique et de la coopération.

Cérémonie de clôture et nouveau souffle

La cérémonie de clôture, tenue dans l’amphithéâtre du Kursaal, a réuni l’ensemble des participants dans une ambiance empreinte d’émotion et de reconnaissance. Cynthia Eid, présidente sortante, a salué le travail accompli par les équipes et les associations partenaires avant d’être réélue à la présidence de la FIPF pour un nouveau mandat 2025–2028. Elle a exprimé sa gratitude et réaffirmé sa volonté de renforcer la coopération internationale et la place du français dans les espaces numériques et interculturels.

Le moment le plus attendu fut la conférence de clôture de Philippe Meirieu, intitulée « Éduquer à l’heure des incertitudes : entre utopie et responsabilité ». Dans un plaidoyer vibrant, il a rappelé que l’éducation doit demeurer un espace d’émancipation, où chaque élève peut grandir et s’inventer un avenir. Son appel à une pédagogie de la confiance et de la solidarité a profondément touché l’auditoire.

Enfin, l’annonce du XVIIᵉ Congrès mondial de la FIPF, prévu en Inde à Pune en 2029, a suscité une vive émotion et une grande impatience. Ce choix illustre la volonté de la FIPF de poursuivre son engagement sur tous les continents et d’ouvrir la francophonie à de nouveaux horizons culturels.

Une francophonie vivante et inventive

Entre conférences, ateliers et découvertes culturelles, le congrès de Besançon aura confirmé la vitalité d’une francophonie ouverte, plurielle et créative. Tous repartent convaincus que les utopies francophones ne sont pas de simples idéaux, mais des chemins d’avenir pour une éducation humaniste et solidaire.

Anna Grzegorowska- membre du Bureau National „PROF-EUROPE”.